« Putain c’est Byzance », Tom

 

Avec Talent : Hello, qui es-tu ?

La Murène : Je m’appelle Thomas. « La Murène », ça vient d’une époque durant laquelle je jouais régulièrement aux échecs. Dans un bar, un vieux m’a filé ce surnom qui décrivait selon lui ma façon de jouer, j’ai pas trop compris mais c’est resté. Je suis un de ces Français qui vivant à Bruxelles, et ça fait 3 ans pile que j’ai fait mon premier tattoo.

A-T : Comment t’es-tu retrouvé à tatouer ?

L-M : J’ai voulu commencer il y a 12 ans. J’hésitais entre le tattoo, la coutellerie ou l’horlogerie. Au final c’était aucun des trois, j’ai fait des études de peintre en lettres, après je suis parti dans le graphisme mais c’était horrible pour moi. J’ai fait pas mal de petits boulots. Et puis, en Bourgogne, les shops de tattoo n’étaient pas très chauds pour prendre des apprentis alors j’ai commencé en solo. À cette même époque, je bossais dans un lycée et un antiquaire m’a pris sous son aile pour m’apprendre à ciseler, graver, sculpter le bois et le métal, faire du vitrail, reconnaître les matériaux. Il y a aussi toute l’histoire que tu retraces avec les vieux objets, pour les dater et essayer de les replacer dans une époque. C’était passionnant et du 7j/7, mais pour le tattoo il n’y avait pas trop d’avenir dans la région, du coup je suis parti à Bruxelles. Au bout de quelques mois j’ai frappé à la porte de Aargh Tattoo et ils m’ont donné la chance de repartir sur de bonnes bases.

A-T : Quels sont tes influences et/ou inspirations ?

L-M : Mes influences sont diverses ; des gravures d’Albrecht Dürer, Gustave Doré et Alexander von Liezen-Mayer, aux sculptures de Bernini, l’architecture d’église, les vitraux, l’héraldisme, les objets du XVIIIème, le cinéma de Gabin et Blier, Tarkovski, les archives en tout genre, les gueules cassées, les vidéos de Maïté qui t’apprennent à découper un sanglier – et par dessus tout, il y a les gros plats mijotés des heures, les repas qui se finissent avec une vieille bouteille de poire.

A-T : À quoi ressemble ta journée « type » ?

L-M : Ma journée commence et là c’est le rituel œufs + bacon + roquette + pain + huile d’olive. Je procrastine sur Internet avec mon café et file au shop pour 11h45.
Une fois en jambes, je prépare mon poste, j’accueille mes clients, tout ça se déroule avec des surprises parfois ; des gens qui viennent demander des trucs incongrus, d’autres qui racontent leurs histoires de jeunesse – bref le contact est hyper riche et se renouvelle sans cesse, ça fait partie du taffe et c’est bon. Je guette attentivement l’arrivée de mon pigeon favori, il est obèse et se prête volontiers à mes distributions quotidiennes de nourriture. Il répond au doux nom de Ferdinand mais n’obéit pas encore à mes ordres, le bougre. Je ne désespère pas.
19h, je décolle du shop. 20h, c’est la boxe, l’heure d’en prendre plein la tronche, j’aime bien. 22h, de retour chez moi, je passe le reste de la soirée à dessiner en matant des documentaires. Sur le papier, je me rends compte que ça a l’air carrément chiant mais pour l’instant ça me va très très bien.

A-T : Quel a été ton projet tattoo le plus fou ?

L-M : Il y en a quelques uns, mais le dernier en date serait celui de ce mec qui me demande de repasser les lignes d’un tattoo ; il avait un moteur de voiture sur le pec. Il avait fait ça, debout, sur un trottoir d’Abidjan. J’avais l’impression que le tattoo avait 10 ans mais il l’avait fait faire 2 mois auparavant. Le personnage était drôle et assez improbable.

L’espace de travail

La Carte d’Identité

TOM LA MURENE :

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