SALE ET SOMBRE
VENDREDI 13 À TOU.TE.S
ZOOM sur V13. Je vous en ai déjà parlé dans un précédent article et ils reviennent en force ce Vendredi 13, jour éponyme de leur collectif. Et le moins qu’on puisse dire c’est qu’ils lui font honneur. Ouroboros est sorti et je ne saurai que trop vous conseiller de vous le procurer ! Un EP efficace et étonnant lorsqu’on les suits de près.
Aujourd’hui, rencontre un peu plus en profondeur de ceux qui font V13, leurs ambitions, leurs inspirations et leurs avis sur la vie ! C’est John S et Hebi qui se sont prêtés au jeu de l’interview croisée. Leur réponse sont similaires et démontrent aussi un vrai lien et une même vision.
Hello la team,
si vous deviez présenter V13 et son âme, vous diriez quoi ?
John S : L’esprit V13 c’est aussi un travail d’équipe entre potes. On s’est connus sur internet en se rendant compte qu’on avait les mêmes délires musicaux. Ça s’est fait naturellement. Le point fort du collectif c’est l’énergie qui se dégage de nos sons même si on est capables de tout faire. Je pense que ça vient du fait qu’on a tous une carrière solo à côté et qu’on fait pas forcément du V13 quand on est en solo.
Hebi : 11 gars qui font du son bien sombre et violent ! Chaque membre apporte ses influences. C’est souvent inspiré rock et metal, mais on s’interdit rien. Tous les styles sont possibles, on peut passer de la house au boom bap puis partir sur un son drill ou trap metal. Le dénominateur commun reste une ambiance sombre inspirée par le cinéma d’horreur type slashers et autres univers pop-culture, geeks et une petite dose de troll. Contrairement aux apparences, on se prend pas au sérieux !
Votre son du moment, hors des vôtres ?
Hebi : Le premier projet de Michel dans son intégralité, je surkiffe le rendu de son autotune
John S : Les sons d’Icegxd ont vraiment retenu mon attention récemment. Il oscille entre trap metal bien vénère à la Scarlxrd et emo-trap autotuné, et c’est totalement ce que je kiff faire en solo comme avec V13, surtout qu’on a pas mal de points communs musicalement.
L’orientation de votre D.A est hyper sombre et violente, ça vient d’où d’après vous ce besoin de sortir énormément de noirceur de vos tripes ? (ouais c’est deep)
John S : Ça vient de la culture rock et metal qu’on affectionne particulièrement même si ce n’est pas le cas de tous les membres du collectif. Je pense qu’on se retrouve dans cette énergie et cette volonté de vouloir faire des morceaux qui sont adaptés à la scène. C’est l’idée de base que représente V13. Mais avec le temps, on s’est rendus compte qu’en équipe, on est capables de beaucoup de polyvalence. Et c’est un des éléments qu’on a voulu mettre en avant avec notre premier projet Ouroboros.
Hebi : Également, ça rajoute une dimension à certains morceaux. Quand tu fais un morceau triste par exemple, exprimer les choses de manière violente ça a pas du tout le même impact que pleurnicher devant ton micro. Ça permet d’apporter des variations et de faire passer des messages d’une manière peu conventionnelle mais très impactante. On est conscients que ça nous rend moins accessibles, mais le but pour nous c’est de ne pas travestir notre musique pour correspondre à un public qui ne nous convient pas à la base.
Est ce que vous êtes tous accordés sur ce qui vous inspire collectivement ?
John S : On a déjà défini de grands axes par rapport à nos inspirations collectives. Mais on se cherche encore à ce niveau là en tant que groupe. On est pas catégoriques sur toute la DA pour le moment, ce qui laisse une place à l’expérimentation et de la liberté pour chaque membre du collectif.
Hebi : Bien évidemment, on n’est pas toujours d’accord entre nous, c’est inévitable en étant 11. On échange fréquemment et on débat si c’est nécessaire. Même s’il y a des oppositions, ça reste dans l’intérêt du collectif. On essaie d’en faire une force plutôt qu’un motif de discorde.
D’ailleurs, c’est un peu en lien avec toutes les questions précédentes mais :
Comment on tient un collectif quand aucun n’est dans la même ville ?
John S : J’ai connu beaucoup de projets de groupes et de collectifs, que ce soit dans le rap ou dans le metal quand j’étais guitariste. Avec V13, le mode de fonctionnement est particulier parce qu’il y a des membres aux quatre coins de la France et même un en Suisse. On est donc obligés de fonctionner via internet, ce qui en 2020, est largement faisable voir même assez pratique. On espère à l’avenir pouvoir fonctionner de plus en plus ensemble sur place au même endroit selon les opportunités qui s’offriront à nous.
Hebi : Par internet ! On utilise Discord qui est un croisement entre un chat et un forum. On peut s’organiser clairement en ayant un espace de travail numérique. Chacun est équipé pour bosser depuis chez soi, même si dans mon cas par exemple c’est plus du bidouillage qu’autre chose. Donc on peut techniquement être 11 à travailler quelque chose de différent en même temps. Bien sûr, on fait en sorte d’essayer de se voir quand on en a l’occasion même si le confinement complique les choses, notamment pour tourner des clips et faire des concerts.
Un de nos objectifs dès que le confinement sera terminé, ce serait de louer une maison ensemble pour partir une semaine faire une énorme session. Ce serait l’occasion de travailler un maximum de sons, mais aussi de préparer des sets pour les concerts.
Dans la vie vous croyez en quoi, profondément ?
John S : On essaie avant tout de prendre du plaisir. Un plaisir oui, mais on voit tous la musique comme un travail qu’on essaye de faire de la façon la plus pro possible malgré les limites évidentes de l’underground. V13 c’est avant tout un kiff entre potes , et à titre personnel j’aimerais faire un maximum de concerts car je crois qu’on tirera le meilleur de notre musique sur scène. On a énormément d’idées et on espère très sincèrement pouvoir aller au bout de nos ambitions. Je dirais même que la première chose en laquelle il faut croire dans la vie, c’est en nous même.
Hebi : On croit bien évidemment en nous et en notre musique. C’est une passion qu’on partage tous ensemble. Personnellement, j’ai envie de voir l’équipe monter, que ce soit sous V13 ou en solo. Je sais qu’on est motivés et sérieux. J’ai jamais vu personne compter ses heures ni râler quand il fallait boucler un son à 3h du matin par exemple. Je crois que c’est possible pour nous si on fait les choses correctement.
Expliquez nous… pourquoi « Oroboros » comme nom de projet ?
John S : D’abord, parce que c’est une référence culturelle et ésotérique qui nous parle. Elle est raccord avec notre DA, c’est le serpent qui se mord la queue. On retrouve l’Ouroboros dans plein de civilisations différentes alors que ça vient de l’Antiquité. Il y a une notion de cycle qui se répète qu’on peut transposer à la musique et à la vie d’un artiste. Ce qui s’en dégage, on le connaît bien. C’est les difficultés et les paradoxes qu’on a tous pu rencontrer en tant qu’artistes émergents. Il faut de l’argent pour en faire, il faut être connu pour se faire connaître. Il faut une qualité professionnelle même quand on est amateur. Et pour finir, il faut la reconnaissance du public alors que peu de gens nous connaissent. On retrouve cette thématique souvent dans nos textes, sous la forme de punchlines assez critiques.
Hebi : Régulièrement on discutait de nos projets pour se faire connaître. Et on en arrivait toujours aux mêmes conclusions. Tu veux faire un clip par exemple. Il faut payer ton équipe, le matos, les accessoires, défrayer tout le monde,etc . Pour avoir cet argent, il faudrait que ta musique en rapporte. Mais t’as aucune chance d’en rapporter si tu fais pas ce clip justement. Et on a retourné les problèmes dans tous les sens, on finissait toujours par se dire “ C’est le serpent qui se mord la queue”. C’est donc venu assez naturellement, d’autant plus que cette idée de cycle colle selon moi très bien à la tape. On passe d’un style à un autre sans y revenir. C’est une forme de portfolio quelque part, et cette diversité est aussi représentée par l’Ouroboros.
Question classique mais si vous deviez choisir UN son dans cette tape, ce serait lequel et pourquoi ?
John S : Ça c’est V13 ! Pour moi, c’est le titre le plus original de la tape avec les influences house de la prod qui sont très mises en avant. J’aime son efficacité et sa simplicité. Enfin, tous les rappeurs du collectif sont présents dessus. Il y a une belle synergie entre nous niveau écriture et interprétation. Je pense que c’est certainement pas le son le plus technique et travaillé de la tape (B.C.H l’est certainement plus), mais c’est celui qui a le plus de potentiel pour un gros clip raccord avec notre DA selon moi.
Hebi : Perso, je vais dire Labo. Le son sonnera bizarre si vous l’écoutez, c’est normal. Les mesures sont asymétriques, c’est du 12/8 ! Ça se rapproche en fait énormément des rythmes ternaires qu’on pourrait retrouver dans une valse. Je suis toujours choqué de la performance de John et Nello sur cette prod de Wandenn. Déjà que c’est pas facile de poser sur quelque chose de contre-intuitif, ils arrivent en plus à le faire bien et de manière originale. Selon moi, c’est le son qui va foutre le plus de bordel en concert.
C’est quoi l’ambition de V13 d’ici à 2025 ? Autorisez vous à rêver !
John S : Aller le plus loin possible. Je suis intimement convaincu qu’on a une grosse carte à jouer dû à l’originalité de notre style, même si actuellement en France dans le rap, on représente clairement une niche underground. De plus en plus d’artistes similaires à notre délire commencent à essayer de faire bouger les choses. J’aimerais vraiment que l’on fasse partie de ceux qui donneront l’impulsion pour rendre ce style populaire auprès d’un plus large public. Je suis persuadé que s’allier est la meilleure des choses , surtout quand on tape dans un style encore inhabituel dans le paysage musical francophone.
Hebi : Taper le plus haut possible. Comme le dit John, on commence à être de plus en plus d’artistes dans cette niche. L’idéal, ce serait que cette niche devienne un mouvement underground puis une vague. Sans parler d’être mainstream non plus, on aimerait faire connaître notre travail et celui de ceux qu’on apprécie. C’est pas en restant chacun dans notre coin qu’on ira loin malheureusement.
Un mot pour la fin ?
Hésitez pas à checker notre premier projet “ Ouroboros”. On y a mis nos trippes et on a tenté beaucoup de choses. On pense avoir fourni un travail qualitatif et original.
Slash !
L’ICONIC PORTRAIT CHINOIS
Si Vendredi 13 était…







Personnellement j’ai adoré la tape, autant dans les prises de risques qu’elle comporte que dans le fond de ce qu’ils y racontent ! Le projet est bien plus accessible que certains de leur sons passés, il est LOURD et je vous conseille de