Mathilde Baron

« Croire au Soleil quand tombe l’eau / Le temps d’apprendre à vivre il est déjà trop tard », Aragon

Avec Talent : Qui es-tu ?

Mathilde : Je suis née une nuit d’Octobre certain(e)s disent que je suis balance d’autres que je suis scorpion ; entre-deux maladif gamine déjà on m’a coupée en deux.
Mille fois j’ai rêvé de mourir.
Petite fille qui a des yeux aux couleurs des feuilles mortes.
Et qui parlait seule, s’imaginant chevauchant un cheval dans les plaines pour sauver les princesses.
Quand j’étais enfant je ne pensais pas que vivre voulais dire qu’il fallait sauver sa peau. Que c’était l’unique but de notre destin ; on te fait tomber peu importe, te revoilà en selle à cavaler vers de nouvelles contrées. Je n’avais pas compris pourquoi je m’acharnais.
Je suis toute petite j’ai la coupe au carré et des chaussures vert pomme aux pieds
Je suis allongée au bord de l’eau j’entends les vagues et la douleur a une saveur étrange ; les feuilles tombent autour de moi le soleil s’infiltre dans les branches
Lumière éblouissante
Mes yeux se ferment et je sais à présent
Je m’appelle Mathilde et l’automne m’a fanée.
(Sinon, j’ai 23 ans, je suis en troisième année aux Beaux-Arts de Tours mais je viens de La Rochelle et je suis passionnée par la photographie, la littérature (l’écriture et la poésie)).

A-T : Parle nous de ton projet, quand as-tu commencé ?

M : J’ai plusieurs projets en cours, mais j’ai réellement commencé à lier la photographie et l’écriture durant ma licence de Lettres à Poitiers, avec un projet intitulé «Fragment de Temps» en 2013 ; photographies noires et blanches accompagnées de mots. Depuis que je suis entrée aux Beaux-Arts en septembre 2014, je travaille beaucoup le fragment, que ce soit le corps, le ciel, la mer… Je m’intéresse à l’inconstance de l’esprit, à la question de l’identité, le genre (la représentation du corps pour soi et dans la société grâce à la réappropriation notamment, au porno féministe etc.) et aussi à la relation entre le corps et la nature (par les flux notamment).
J’ai développé grâce à mes textes, un recueil appelé «Les Solitudes» tapées à la machine à écrire, sorte de pensées et d’errances liées à l’intériorité, à l’absence, au voyage et à la nature, qui sont des thèmes récurrents dans mon travail. De cette intériorité j’en ai écrit deux longs monologues qui ont abouti sur une pièce sonore tout d’abord, puis une performance ensuite.

A-T : Qu’est-ce qui t’attire dans cette alliance écriture et photographie ?

M : Pour moi, le texte et l’image ne sont pratiquement pas dissociable. L’image, que ce soit de la peinture, de la photographie, de la gravure, etc. fait souvent écho aux mots, et inversement. Je pense que cette association crée un entre-deux dans lequel je me complais. Un espace autre, poétique et universel ou chacun peut se projeter et se (re)définir.

A-T : Tu as fais des vernissages dans ton école, quels effets as-tu ressenti en voyant tes oeuvres exposées ?

M : J’étais assez stressée mais les gens n’ont pu voir que le quart de mon travail donc je n’ai pas vraiment eu de retour sur mes photographies exposées. Ça a un côté excitant de partager ce que je sais faire avec des inconnu(es), c’est aussi une façon de prendre du recul sur soi et sa création, comme si je sortais de mon corps et que je prenais une autre place, d’observatrice par exemple.

L’espace de travail

La Carte d’Identité

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