RETOUR SUR…
est une nouvelle série d’articles sur des artistes que nous avons déjà rencontrés. Avec Talent Magazine a choisi de suivre leur parcours et leur évolution.
Nous commençons avec KEIN MENSCH, Tattooist (handpoke and machine) que nous avons rencontrée il y a quelques mois.
Hello Mensch ! Dans ta précédente interview, tu nous parlais de tes débuts, de ta rencontre avec Éva Hagen. Où en es-tu aujourd’hui ?
Bonjour à tous ! Merci à vous de me proposer de m’exprimer à nouveau.
Aujourd’ hui je travaille toujours au salon que j’ai créé avec Eva Hägen (anciennement When You’re Strange devenu L’Etrange Tattoo Shop).
On a déménagé en janvier 2020 pour agrandir l’équipe, collaborer avec de nouveaux artistes, ainsi que de continuer avec les artistes qui font parti de l’aventure depuis le début (L’Encromancienne, Grâce te perce notamment).
Nous avons aussi formé un apprenti. Ce qui nous paraissait incroyable et pleins de défis, nous a permis d’évoluer. Transmettre est une des bases de notre métier, que ce soit sur des points techniques ou des points humains.
On évolue tous et c’est ce qui renforce l’équipe.
On peut apprendre de chacun, se remettre en question de façon saine et sereine. Je suis très fière des artistes qui collaborent dans notre humble safe place.
Aujourd’hui aussi, après avoir frôlé le burnout en 2019 et 2020, je suis plus en phase avec mes émotions et mon travail. Je me sens prête pour continuer et me plonger dans de nouveaux défis.

Cela fait un moment que tu as choisi de ne plus faire de figuratif. Ton travail est beaucoup plus axé sur la réflexion et la recherche. Peux-tu nous expliquer ta démarche ?


Oui effectivement ! Mon attrait pour l’abstrait s’est encore plus développé au fil du temps. J’avais amorcé ce virage avec le minimalisme, que j’aime toujours explorer.
Je suis toujours dans mes recherches sur l’essence platonicienne, la sincérité et la vérité. Mais mes horizons s’ouvrent et ma pratique picturale, graphique s’enrichit pour répondre à ces problématiques.
J’ai multiplié les explorations en utilisant de nouveaux mediums, médias et outils.
J’ai notamment introduit tout un travail sur la spontanéité. Révélatrice de pulsion, d’intention, d’expression pure et sans fard. Et de cohabitation de formes opposées. Du spontané face à du réfléchit, des nuances face à des lignes, le temps face à l’espace, du rythmé face au linéaire etc … Ce sont tout un tas de notions qui définissent notre monde et qui sont importantes dans leurs oppositions. On dit souvent qu’il n’existe une personne gentille car il existe une personne méchante à contrario. J’aime me mettre derrière une feuille, prendre mes pinceaux et mes stylos pour réfléchir au monde qui m’entoure.
Tu ne fais pas que des tattoos. Il y a aussi la gravure sur lino, le tatouage sur cuir. Quelle place ont ces techniques ? Que t’apportent-elles ?

2020 m’a poussé dans mes retranchements. Et trouver des solutions a consisté à travailler des nouveaux supports n’impliquant pas les corps.
Que ce soit le tatouage sur cuir ou la lino gravure, chaque nouvelle technique apporte son lot de questionnements, de réflexions et ensuite d’appropriation. Le cerveau se module d’une façon différente pour chaque tâche.
La feuille ne me demandera pas les memes capacités qu’un travail sur cuir qui lui aussi est différent de la peau humaine et vivante.
Pour moi, tout sert et peut se transférer moyennant une adaptation. Voir la vie comme des vases communicants.
Développement, enrichissement restent les mots clés pour tendre vers la meilleure version de soi même.
Tu vas bientôt lancer ta chaîne Twitch. Est-ce que tu peux nous en dire plus ?
Bientôt! Ou alors le lancement aura été récent.
Il faut évoluer et faire siennes de nouvelles façons de s’exprimer et adapter son contenu. J’ai commencé à m’approprier les sessions live et l’exposition que cela peut représenter. L’immédiateté, l’improvisation, ce sont des notions compliquées à gérer pour mon naturel anxieux. Mais j’apprends vraiment et cela me fait un bien fou même si parfois la peur m’aveugle momentanément. J’arrive à reprendre confiance en moi grâce à ma communauté, c’est porteur. J’espère leur redonner autant que possible ce qu’ils, elles, iels m’apportent.
Passer par ces outils de diffusion me permettra aussi d’être plus transparente dans mes pratiques. Faire partager mes réflexions en espérant que vous vous sentiez compris ou moins seuls face au monde.

Comme beaucoup de secteurs, le milieu du tatouage n’a pas été épargné par la pandémie. Comment vis-tu cette crise sanitaire ? Arrives-tu à te projeter malgré tout ?

Cette crise sanitaire nous met tous à l’épreuve dans la profession.Le rythme de travail a été très particulier. S’arrêter, se remettre dans le tatouage et rattraper le manque économique, gérer un salon qui peut s’effondrer.
Faire cela une fois, deux fois, trois fois…. J’ai pu me rendre compte de mes ressources et capacités. C’est pourquoi j’ai commencé 2021 en étant plus sereine. J’avais tout donné les années précédentes, maintenant je me concentre beaucoup plus sur moi. Arrêter de s’oublier, de se rabaisser et mettre la lumière sur des qualités.
Peut être que la maturité semble arriver, mais je reste à l’affût pour rester dans mes valeurs et ne pas prendre la grosse tête.
Un mot pour la fin ?
Comme toujours !
Un grand merci à toutes les personnes qui ont oeuvré et qui oeuvrent à me faire grandir au quotidien. Et comme disait Napoleon :
« Et zéééééé partiiiii » !