Immersion dans l’univers de l’artiste Night Night. Nous sommes allés virtuellement a sa rencontre afin d’en savoir peu plus sur lui. On écoute le titre « Lulla » :
Sous ton premier EP, “Day” sorti en 2017, tu as écrit “À écouter après le coucher du soleil ou avant le lever de la lune.” C’est pour ça que ton pseudonyme d’artiste est “Night night” ?
Trouver un nom c’est toujours un peu relou : c’est le premier contact du public avec ton univers et en même temps il ne faut pas que ça dissimule la musique, c’est elle qui compte. Le nom “Night Night” a été trouvé avec copain quelques jours avant la sortie du premier ep, c’est une expression anglo-saxonne assez familiale, le petit mot mignon que te dit ta grand-mère avant d’aller te coucher dont la traduction littérale est “Bonne nuit”. J’aimais bien l’idée de prendre cette expression à contresens, non pas comme une invitation au sommeil mais plutôt au monde de la nuit, à la fête, à la danse. Ce que j’aime plus que tout c’est voir les gens danser quand je joue pour eux. Ce “Night night” vient donc ouvrir un nouveau monde.
Avant Night Night tu étais la moitié du duo Mayra & Mr Mow. Te mettre en solo, c’était aussi la possibilité d’expérimenter plus librement ?
Après l’expérience de groupe le côté solo m’attirait vraiment : se retrouver seul face à sois-même est hyper excitant, même il y a un truc un peu plus douloureux dans la création. Et puis ça correspondait à un moment où je voulais expérimenter des trucs dans mon jeu de guitare, c’est aussi le moment où j’ai vraiment découvert la musique électronique, les synthétiseurs. J’ai eu besoin de digérer tout ça, et le projet en solo s’est finalement dessiné assez naturellement.
Avant de faire tes propres créations, que ce soit en duo ou seul, c’était quoi ton rapport à la musique ? Un passe-temps, une nécessité, un plan de carrière ?
J’ai commencé la musique par la guitare à 12 ans. Je jouais du blues et les classiques du rock (Led Zeppelin, Rolling Stones, ACDC) dans ma chambre avec des potes, on a fait 2-3 petits groupes au collège et lycée. C’est à 18 ans, après mon bac, que j’ai décidé de sauter le pas et d’en faire ma vie.
Revenons-en à Night Night, dont les sons phares sont “Day” et “Lulla”. On les décrit comme de la musique progressive ou de l’électro, auxquels se mêlent ta guitare électrique et des sons presque organiques : comment tu qualifies ta musique ?
“Électro progressive” je trouve que ça colle assez bien, même si ce que j’écris en ce moment est un peu moins “progressif” et un peu plus “rentre-dedans”. L’important pour moi c’est d’emmener les gens dans un voyage en essayant de les surprendre par l’alternance entre des moments très aériens à des phases plus énervées, entre douceur et tension.
Dans tes clips il y a des illusions d’optique, des déformations visuelles, du video mapping : est-ce que tu considères que les clips font partie intégrantes des sons, et que la musique est un art immersif ?
Bien évidemment je trouve que la musique est un art immersif. Le problème c’est qu’on a de plus en plus de mal à ne pas faire 3000 trucs en même temps et à juste écouter de la musique. C’est pour ça que les concerts sont si importants, c’est un moment où en tant que spectateur on peut être à fond dans la musique et parfois même connecter avec l’artiste. Je trouve que des initiatives comme celle de sonorium qui organise des écoutes d’album dans des auditoriums sont vitales pour se concentrer sur la musique et rien d’autre. Et je considère que l’image est la maîtresse parfaite de la musique, d’où leur présence dans mes clips. La relation image/son peut être explosive et enivrante comme deux corps qui s’enlacent pour former quelque chose de nouveau et d’encore plus puissant.
Les paroles viennent souvent dans un deuxième temps, après de longues instru, et elles sont en anglais. C’est plus facile d’utiliser une langue étrangère pour se dévoiler ?
J’écoute quasi exclusivement de la musique en anglais donc ça me semblait assez naturel de choisir cette langue. Ça permet évidemment de se cacher un peu derrière le sens approximatif de certains mots, mais surtout je trouve que c’est plus compatible avec ma manière d’écrire assez litanique.
Pour finir, quelles sont les artistes qui t’ont influencé Night Night ? Tu te revendiques de quel héritage ?
J’écoute vraiment beaucoup de musique de styles très variés. Le projet Night Night a commencé à naître dans ma tête quand j’ai découvert Nils Frahm : j’étais complètement obsédé par sa façon de jouer du piano et notamment son utilisation du “delay”, qui permet de répéter un son en écho. Aujourd’hui des artistes comme Arnaud Rebotini, Cosmo Vitelli, Nicolas Jaar ou The Comet is Coming sont des grosses réf pour moi. Mais aussi LCD Soundsystem, Tangerine Dream, Julian Casablancas… La liste est longue.
Une actu à venir prochainement ?
Étant donné la situation actuelle, c’est un peu compliqué de se projeter puisque beaucoup de choses ont été annulées, notamment les concerts de cet été jusqu’à nouvel ordre. J’en profite pour travailler sur l’écriture de mon nouvel album qui devrait voir le jour à la fin de cette année ! J’ai déjà fait une live session dans mon studio pendant le confinement et je vais en sûrement en refaire une prochainement en attendant des jours meilleurs pour le monde de la culture, enfin pour tout le monde.
Par Laetitia Germain-Thomas, le 04.06.2020