« Non non non non ne croyez pas, que le monde ne soit qu’un gros caca,
Regardez dessus on a planté des fleurs, c’est ce qu’on appelle le bonheur », GieDré

Avec Talent : Salut ! Qui es-tu ?

Frédéric Agid : Bonjour, mon prénom est Frédéric, mon nom AGID – ouais ça sonne pas français parce que je suis d’origine polonaise, mais ne le dis pas à la police stp… Je suis né et j’ai toujours vécu à Paname où je travaille également, enfin, je travaille, je travaille… Je gribouille du matin au soir. Ma mère ne considère pas ça comme un vrai travail, faut que tu vois avec elle ce qu’elle en pense, elle me croit toujours dans la publicité.

Depuis quand ton projet est-il né ?

La pub c’est sympa quand t’as 20 ans, mais quand tu te rends compte que tu passes tes journées à mentir aux autres, à te mentir et donc à te travestir, que tu as pris un peu de recul sur tout ça, tu te demandes comment poursuivre différemment. Mon truc, moi, c’est le dessin. Alors, j’ai commencé par tenter de les vendre.
Flop… Mais curieusement, des proches, des clients ou d’autres connaissances me demandent alors de leur dessiner leurs projets de tatouages – ce que je ne fais pas puisque c’est un sujet inconnu, n’étant même pas tatoué moi-même. Alors, j’en discute avec mon pote Jeykill (BleuNoir) qui me dit : « Ah toi aussi tu veux vendre tes dessins ? Fais comme moi : fais des tattoos !
– Ah oui ? Mais comment je m’y prends alors ?
– Achète une machine de bonne facture, entraîne-toi sur des oreilles de cochon. Quand tu te sens prêt, fais-toi un tatouage sur le corps. Si c’est satisfaisant, propose à tes amis (proches…). Si personne ne porte plainte, alors tu peux faire payer et avoir tes premières commandes. »
C’est donc cette ordonnance que j’ai suivie à la lettre. Devenir le valet d’un autre tatoueur qui m’aurait appris à tatouer avec un style forcément différent du mien ne m’inspirait pas. Le sort réservé aux apprentis n’est que très rarement constructif, j’ai préféré apprendre seul. De fait, j’ai été très vite opérationnel, sinon je serais encore en train de passer la serpillière et compter les rouleaux de Sopalin chez Tin-Tin. 😉

Comment définirais-tu tes tatouages ?

Mon style est tellement atypique qu’il n’est pas aisé de le décrire par écrit, le mieux c’est de s’en rendre compte avec ses yeux, avec ses tripes.
Étant à la base très éloigné du milieu du tatouage, je ne m’en suis en réalité jamais vraiment approché. J’ai fait quelques guests avant d’avoir mon salon pour débuter, mais maintenant je ne travaille plus que dans mon studio, où je suis seul, sans apprenti. C’est le lieu ou je créée, où je dessine, où je tatoue, où j’échange (beaucoup) avec mes clients. Je côtoie donc très peu de tatoueurs. Je suis le travail de quelques-uns, mais essentiellement pour constater que telle technique est envisageable, ou pour admirer un trait, une ligne, une forme. Mes inspirations viennent plus du papier. C’est certainement pour cette raison que mon travail ressemble davantage à de l’illustration qu’à du tatouage. Je pense prendre plus de libertés pour concevoir mes dessins, même si le travail sur la peau requiert quelques contraintes. Je mêle facilement le texte et l’image, c’est important pour moi. C’est aussi pour cette raison que j’écris systématiquement les histoires de mes tatouages, les histoires de celles et ceux qui viennent se livrer à moi avant que je les tatoue. Ce travail d’échange et de partage est essentiel pour moi. Si l’on ne me livre pas la portée symbolique du projet, je ne peux pas travailler. Mes tatouages ne sont pas juste graphiques, ils ont une âme.

Selon toi, quels aspects de ce métier sont les plus importants ?

L’ouverture d’esprit, la convivialité, l’écoute, l’écoute, encore et encore l’écoute et la patience, que je n’ai trouvé que trop rarement chez mes confrères qui m’ont ainsi poussé à ouvrir mon studio.

Des projets pour bientôt ?

Je ne fais pas que tatouer, même si contre toute attente j’y trouve maintenant une addiction irréversible.
Mon travail sur les tarots a été repéré par un éditeur qui voudrait que je sorte le jeu complet, et pourquoi pas l’enrichir d’un ouvrage explicatif, avec mon interprétation symbolique ?
Par ailleurs il se pourrait que je sorte une collection capsule avec Armor Lux (les marinières) au printemps.
Un projet encore très confidentiel autour de la gastronomie, des dessins qui n’avancent pas sur une mini-série animée, bref… le travail et les idées ne manquent pas !

L’ESPACE DE TRAVAIL

LA CARTE D’IDENTITÉ

FRÉDERIC AGID :