Avec un premier EP réussit, Fred Skitty a su retenir l’attention du mag. Nous avons pu de lui envoyer quelques questions afin d’en savoir un peu plus sur elle, son EP et sa conception. On écoute :
Salut Fred Skitty, qui es-tu au juste ?
Salut Avec Talent Magazine / salut Léandre, moi c’est Blandine à l’état civil, je suis ce qu’on appelle auteure/compositrice/interprète et j’ai un projet musical qui s’appelle Fred Skitty. Je viens du Gard et j’ai commencé à sortir des maquettes dans ma petite chambre en 2013. J’ai commencé par être dj puis je me suis mise petit à petit à la production musicale, après un single en 2017 j’ai sorti mon premier EP en 2020. Aujourd’hui la fameuse petite chambre est devenue un home-studio, pas grand chose a changé, mis à part que j’ai enlevé certains meubles et mis des claviers à la place.
On parle ici de ton EP Belonging to the Night, que peux-tu nous dire à ce sujet ?
Belonging To The Night revendique un fort sentiment d’appartenance à la nuit. En effet je me sens « oiseau de nuit » et ce depuis quelques années, mais ça n’a pas toujours été le cas. Comme beaucoup d’enfants, j’avais peur d’aller me coucher, j’imaginais des monstres sous mon lit. Je redoutais l’arrivée de l’obscurité. En grandissant j’ai appris à l’apprivoiser et à l’apprécier. La nuit me donne parfois l’impression de pouvoir arrêter le temps, quand tout est calme et endormi j’ai l’impression d’entrer dans un autre monde, ce qui est en soi impossible, mais j’aime bien me raccrocher à cette idée. Les morceaux de mon EP parlent d’amour, d’acceptation de soi, de choses moins joyeuses aussi, de doutes, de pleurs,de mélancolie et de drames. Ce sont des sujets qui m’ont touchée, vécu personnellement ou non. Ça représente mon parcours depuis ces 7 dernières années, il y a des morceaux qui datent de 2013, d’autres qui ont été terminés en 2018. Ça a été un long cheminement. Je vois ce disque comme une balade à faire de nuit, une balade qui nous amènerait en club, nous inciterait à donner le meilleur de nous mêmes, à se laisser aller à certaines confessions, quitte à peut-être verser quelques larmes sur l’oreiller, mais c’est ça la vie aussi. Des études ont prouvé que les discussions nocturnes ont tendance à être plus franches, sans artifices. J’avoue que je partage ce sentiment. Je voulais que cet EP sonne avant tout comme une réconciliation avec cette nuit qui est parfois vue comme une source d’inquiétude. Ceci dit j’aime beaucoup le jour aussi, après tout je viens du Sud: l’ensoleillement, le chant des cigales l’été, le ciel bleu, la chaleur, c’est dans mon ADN hahaha!
Cet EP est composé de 5 titres, lequel d’entres eux t’a donné le plus de fil à retordre ?
Je dirais le dernier titre, Inner Struggle. Est-ce qu’il m’a donné du fil à retordre, je n’irais peut-être pas jusque là, mais c’est un morceau qui est très important pour moi, autant au niveau de la production que des paroles. Alors certes c’est pas très gai, c’est le moins qu’on puisse dire, mais j’ai vu en ce titre un complément de thérapie, une façon d’extérioriser ce qui a pu, ou ce qui peut me faire vriller. Inner Struggle veut littéralement dire « combat intérieur ». Ça parle de problèmes de santé mentale, du fait que nous sommes parfois notre meilleur ennemi, que certaines choses de la vie peuvent vraiment nous abîmer, nous plonger dans une angoisse totale, (angoisses que parfois nous nourrissons nous-mêmes sans pouvoir les contrôler), que nous n’avons pas d’autre choix que d’apprendre à gérer le traumatisme. C’est quelque chose dont j’ai fait l’expérience. Parfois je me dis que j’ai exagéré, voire romantisé le truc, parce qu’avec le recul je me dis que ce n’était pas si insurmontable, qu’aujourd’hui je vais bien et que je sais que beaucoup de gens ont vécu 1000 fois pire, mais pourtant ces mots là sont ancrés en moi, ce sont les miens, je les ai sortis comme ça. Bien sûr j’ai arrangé les rimes et mis en image certaines choses pour des raisons artistiques, mais au fond c’était vraiment ce que je ressentais. Comme me disait une amie, « ce n’est pas parce que d’autres ont « vécu pire » que ce tu as vécu n’est pas important » et je sais qu’elle a raison. Je suis fière de ce morceau et de son histoire, maintenant je l’écoute avec un certain soulagement.
Sans prétention aucune, si jamais ce morceau peut aider quiconque en situation de détresse j’en serais très heureuse, j’aurai le sentiment d’avoir servi à quelque chose. On ne le dira jamais assez, il n’y a pas de honte à en parler ou à demander de l’aide.
Avec le recul je vois ça aussi comme un résumé de ces dernières années. C’est vrai que je me suis mis beaucoup de bâtons dans les roues avec cet EP. Il est prêt depuis 2 ans mais il m’a fallu beaucoup de lâcher prise pour le sortir. La dernière phrase de mon morceau dit: « je crois que j’ai trouvé la clé », dans le sens « je crois avoir trouvé la solution ». Je ne le savais pas à l’époque où j’ai composé le morceau mais aujourd’hui je vois cette dernière phrase comme le dénouement de ces deux dernières années. J’ai l’impression de m’être laissé un message, c’était prémonitoire sans le savoir. En sortant ce disque j’ai l’impression d’avoir gagné un combat contre moi-même, littéralement. Cette dernière phrase est encore plus symbolique aujourd’hui.
Et après ?
Je vais essayer de me faire connaître un maximum et de me faire une belle vague à surfer pour amener mon EP le plus loin possible. Sortir un disque demande beaucoup d’engagement, autant personnel que financier. J’espère pouvoir reprendre les dates bientôt pour défendre mon projet. J’aimerais aussi donner des images à certains de mes morceaux. J’ai 2/3 projets de covers qui traînent actuellement, j’aimerais bien sortir ça bientôt. Après ça je me remettrai à écrire, j’ai déjà une maquette en projet… On verra bien ! C’est une période très floue l’air de rien…
Un mot pour la fin ?
Oui ! Merci beaucoup pour cette interview! 🙂
Crédit photos : Pierre-Emmanuel Coste