« Celui qui obtient la soumission, détient le pouvoir », Gmork, l’Histoire sans fin
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Avec Talent : Holà ! Qui es-tu et d’où viens-tu ?
Adele Type : Je m’appelle Matthieu Salvaggio, je suis dessinateur de caractère typographique et je dirige Adele Type, une fonderie typographique basée à Lyon.
A-T : Quelle est l’histoire de Adele Type ?
A-T : Adele Type, c’est une longue histoire. C’est un projet qui a commencé à voir le jour durant mes études à l’ESAD Valence et qui a pris réellement forme en 2016 lors d’une campagne Kickstarter. Nous avons un principe en terme de distribution des licences typographiques qui sort un peu des normes usuelles dans ce domaine (licence en série limitée, licence couvrant l’ensemble des utilisations possibles, etc.). Nous voulions “tester” ce principe lors d’une campagne de financement participatif afin d’évaluer la faisabilité de notre projet. Suite au succès de la campagne, nous sommes rentrés dans le nerf du sujet en développant le site web de la fonderie et c’est ainsi que le 8 Novembre 2017 nous avons lancé le site (www.adeletypefoundry.eu). Cela a été un travail de longue haleine avec Samuel Gadea, qui a designé et développé le site. Nous voulions avoir quelque chose qui, visuellement, illustrait la prise de position que l’on a quant aux procédés de distribution. Une prise de position graphiquement forte et engagée à la fois dans l’identité du site mais également dans les familles typographiques proposées.
A-T : Quelles sont d’après-toi, les méthodes pour réaliser une bonne typo ?
A-T : La question est complexe parce qu’il faut en premier lieu définir ce qu’est un bon caractère. Parle-t-on du dessin ? Du mastering de la typo ? Du kerning ? Des utilisations qui en ont été faite ? Il y a autant d’avis qu’il y a de designers et de créateurs de caractère typographique. Je ne suis pas nécessairement à l’aise avec le fait d’apposer une définition précise sur cela dans le sens où l’ensemble du positionnement d’Adele Type a été réfléchi pour ouvrir les possibilités et les champs de la typographie, et qu’apporter une définition, aussi précise ou non soit-elle, à ce qu’est une “bonne typo” me paraîtrait réducteur, voire, prétentieux.
A-T : Peux-tu nous parler de tes inspirations et/ou références ?
A-T : Les inspirations dans nos créations sont multiples et varient d’un projet à l’autre. Une forte influence de l’historique typographique dans nos méthodes de travail semble persister. Au-delà de cela nous nous efforçons d’expérimenter le plus possible nos formes. Si quelque chose persiste à travers toute l’identité qui ressort de nos fontes, c’est sans doute les références mythologiques, paganistes ou religieuses. Lucas Czarnecki a assez bien cerné la chose lorsqu’il a écrit à propos de la release d’Adele Type pour le webzine “Type Magazine”.
A-T : As-tu des projets en cours ?
A-T : Nous en avons plusieurs. Nous finalisons actuellement le AT Apoc, un caractère display qui tire certaines de ses inspirations dans les fontes humanistes (au niveau de la chasse et des proportions des glyphes) mais qui s’affranchit radicalement des formes de ces époques. C’est un dessin basé originellement sur le lettrage d’une couverture “Apocalypse”, remplie de ligatures et d’accidents visuels acérés, étrange mais qui nous a profondément surpris. Le travail de cette fonte a été un réel plaisir car nous nous sommes efforcés de travailler un caractère à la fois élégant et acéré, parfois presque brutal, lors de son utilisation en titrage mais qui, lorsqu’il est utilisé en texte de labeur, révèle la page et en fait ressortir toute la lumière en apportant un gris typographique vraiment lumineux. Cela nous a beaucoup amusé de travailler cette famille dans cette idée-là puisque le mot qui a « lancé » ce dessin, « apocalypse », veut dire en grec « révélation ».
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L’espace de travail
La Carte d’Identité
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